Les origines de la Tyr ne sont pas encore connues avec certitude, mais selon certains archéologues, sa fondation pourrait remonter au début du 3e millénaire avant Jésus Christ (vers -2750). Au fil des nombreuse fouilles qui se sont succédées à Tyr dès 1861, des sondages ont été effectués dans les sols du centre de la ville insulaire (On pense en effet que les premiers habitants de Tyr occupaient la partie insulaire de la ville). Ces sondages ont fait apparaître de nombreux niveaux de fondations (phéniciennes, hellénistiques, romaines, byzantines, arabes, franques…), dont le plus ancien remonterait au premier quart du troisième millénaire.
Au début du 2ème millénaire, Tyr n’a pas de rôle historique important dans la région. Les textes égyptiens parlent d’elle comme d’une ville à la situation méridionale stratégique. Mais elle n’est qu’un petit port permettant de faire escale entre les côtes égyptiennes et la ville de Byblos. Dès la deuxième moitié du 2e millénaire (au cours d’une période située aux alentours de -1500 à -1100), Tyr profite de sa position de port stratégique et développe son commerce et son activité industrielle (industrie du verre transparent notamment et technique d’extraction de la pourpre), grâce à ses liens avec les autres villes du Levant. Cependant, il faut attendre le 10e siècle avant JC pour que Tyr connaisse véritablement son âge d’or.
A cette période, le roi Hiram Ier, (qui a aidé Salomon dans la construction du temple de Jérusalem), fait construire dans la ville le temple de Melkart, ainsi que deux ports : le port sidonien au Nord (encore utilisé aujourd’hui) et le port égyptien au sud (désaffecté depuis l’époque byzantine). Le temple de Melkart n’a aujourd’hui toujours pas été découvert, on pense qu’il se trouve sous la cathédrale des croisés, où l’on a déjà découvert des vestiges phéniciens.
Cette période du 10e siècle est vraiment marquée par l’épanouissement commercial et culturel de Tyr. Elle s’unit avec sa voisine Sidon (entre le 10e et le 9e siècle avant JC). Elle possède alors une puissante flotte commerciale et militaire.
Cela finit par attirer sur elle la convoitise et des ennemis. Elle va subir plusieurs vagues d’invasions. A la fin du 8e siècle avant JC, c’est l’invasion assyrienne. Sidon refuse de coopérer avec les assyriens et se sépare de Tyr, d’où un affaiblissement commercial et politique pour les deux villes. Mais l’activité commerciale de Tyr continue d’évoluer, jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le Grand vers 333 avant JC, après sa victoire sur les Perses.
Sur la côte phéniciennes, les cités choisissent de se rallier pacifiquement à lui. Sauf Tyr, qui résiste. En 332, Alexandre le Grand lui impose un siège de sept mois. Il parvient à élargir la digue reliant la ville insulaire au continent. Tyr sera finalement conquise par Alexandre. Après la mort de ce dernier, c’est Ptolémée Ier qui occupera Tyr et les autres cités phéniciennes. Pendant les siècles qui suivront, les dynasties successives se déchireront lors de conflits qui les affaibliront.
Finalement, en -64, Tyr passera sous la domination de Rome. C’est justement au cours de l’époque romaine que Tyr connut une grande activité en matière d’urbanisation. Cette période laisse plusieurs vestiges, qui ont fait l’objet d’importants travaux de restauration. Parmi ces constructions romaines : l’hippodrome, qui compte parmi les plus vastes de l’époque, mais qui malheureusement n’est pas terminé.
De nos jours, la ville de Tyr (jumelée avec la ville française de Perpignan) continue à prospérer, malgré sa proximité avec la frontière Sud du pays, dans une région qui subit les effets des conflits régionaux. Aujourd’hui, des gratte-ciel ont été construits, ce qui n’embellit pas son paysage. En revanche, dans la vieille ville, on peut toujours contempler les anciennes maisons et admirer son activité portuaire traditionnelle.
Elle s’étend de part et d’autre d’une large voie romaine à colonnade, repavée à l’époque Byzantine. De part et d’autre de la chaussée, on peut admirer à perte de vue des monuments funéraires. On n’en dénombre pas moins de 300. On distingue des sarcophages romains en marbre ornés de délicats bas-reliefs bucoliques, des sarcophages en forme de chapelles (avec des niches qui pouvaient recevoir les cendres ou le corps des défunts), des tombeaux si vastes qu’ils font penser à des petites villas, ou encore des tombes plus modestes. La plupart de ces tombes ont été violées dès l’antiquité, soit pour s’emparer du mobilier funéraire qu’elles contenaient, soit pour être simplement réutilisées.
Edifié au IIe siècles après J.C , haut de 20 m, il enjambe la voie romaine. Il se composait d’une baie principale et de deux baies secondaires, sous lesquelles passaient les trottoirs bordés de colonnes. Le long de la voie romaine, on peut admirer les vestiges de l’ancien aqueduc.
Qana est-elle ou non la ville de Galilée où selon les Evangiles Jésus a accompli son premier miracle ? Le débat reste ouvert. En tout cas, ne passez pas l’entrée du village sans contempler le Wadi Qana, où la falaise est sculptée de quelques figures. Les spécialistes s’accordent à penser qu’elles datent de l’époque hellénistique ou du début de l’époque romaine.
Large d’environ 150m, long de 480 m, l’hippodrome est l’un des plus vastes et des mieux conservés du monde romain. Impressionnant par sa beauté et son état de conservation, il est bordé de gradins en pierre qui pouvaient accueillir 30 000 personnes.
Autour d’une voie de 11 m de large et de 175 m de long aboutissant au port, on peut contempler les ruines de la cité romaine. La voie est bordée d’un portique et de trottoirs de 5 m de large, et de colonnes considérées comme parmi les plus grosses du monde (leur diamètre dépasse le mètre et elles atteignent 8m de haut).
Etant données toutes ces richesses historiques, Tyr a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1984, pour les critères suivants : Elle apporte « un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ; elle est « directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle ».