Capitale d’un Liban Sud trop longtemps délaissé par les touristes, la ville de Tyr offre aux visiteurs le plaisir des paradis oubliés. Des vestiges antiques à l’authentique port de pêche en passant par les bords de mer, vous n’aurez pas fini d’en apprécier l’art de vivre et la tranquillité. Ponctuée de rencontres simples et de découvertes improbables dans les ruelles "labyrinthesques" du vieux souk, nous vous proposons de partager la superbe journée que nous y avons passée. Et pour ceux qui voudraient prolonger cet agréable séjour, nous vous avons également déniché le meilleur endroit pour y poser vos valises.
Nous avons quitté Beyrouth en bus une heure et demi plus tôt (gare routière de Cola) et nous voilà à Tyr. Autrefois cité antique florissante, Tyr a toujours joué un rôle important sur la rive Est de la Méditerranée. Mais depuis 1948 et la fermeture de la frontière avec Israël, Tyr s’est retrouvée dans une impasse géographique aggravée par de nombreuses années de guerres. Malgré ce passé douloureux, la ville a gardé un air innocent et le temps semble s’être arrêté dans les bistrots qui entourent le vieux port.
En nous désaltérant à la terrasse d’un café, nous pouvons observer un 4x4 des Nations unies croiser une vieille camionnette déglinguée acheminant des planches vers le réparateur de bateau. Un vieil homme navigue entre les deux au volant de son scooter débordant de poissons fraîchement pêchés.
Attirés par l’odeur du bois et le bruit des outils, nous discutons avec Elia, le réparateur de bateaux. Le poids des années ne lui a enlevé ni le sourire ni la conversation et, café à l’appui, il nous présente son univers composé des réparations et constructions qui jalonnent son quotidien. Il nous parle, en vrac, de ses origines chypriotes, de ses neuf enfants, de ses deux générateurs électriques et aussi de la vieille photo qui, accrochée à une poutre, représente un bateau de style phénicien: il n'est pas resté dans son atelier toute sa vie, il a aussi parcouru toute la Méditerranée.
Un peu plus loin sur le port, c’est au tour de pêcheurs affairés autour de grands paniers en osier de nous présenter leur savoir-faire. Il s’agit du méticuleux travail de préparation des hameçons pour la pêche de nuit. Promenade et rencontres se succèdent alors qu’on flâne bord de l’eau.
Comme dans de nombreuses villes du Liban, le plaisir d’explorer les ruelles des vieux quartiers au gré des couleurs, des senteurs et des envies est chaque fois renouvelé. A Tyr, on trouve les habituelles boutiques de bijoux, parfums, légumes, vêtements, souvenirs, viandes découpés sous le regard critique du client.
Pour se retrouver dans ce joyeux brouhaha, aucun autre indice que l’intuition qui dans notre cas nous guide jusque devant la boutique de Walid. Son sourire à travers la vitre nous fait faire escale entre sa machine à coudre et ces deux oiseaux en cage. Son récit se mêle bientôt à celui des clientes qui défilent en quête d’ourlets et d’arrangements en tout genre. Nous poursuivons ensuite notre chemin dans de petites rues un peu moins étroites.
Les murs sont couleur pastel, bleus, oranges et beiges. Nous sentons que la mer est toute proche.
La voici immense et apaisante devant nous, un bord de mer calme et préservé comme il est devenu rare d’en trouver au Liban.
Ne sachant pas trop quelle direction prendre, à la manière des marins nous suivons celle du phare. Si celui-ci n’est plus en activité depuis bien longtemps, les alentours sont pleins de vie. Et pour cause, juste à côté est établie la célèbre auberge Al Fanar. D’abord connue pour être l'un des bons restaurants de poissons du quartier, cette grande maison familiale a ensuite été entièrement rénovée par les propriétaires qui en fait un hôtel avec bar et boite de nuit, ouvert même en hiver. L’été, la petite plage de galets qui reste animée la nuit.
Attablé sur la charmante terrasse en bois il fait bon alterner, en été, baignade, rafraîchissement et déjeuner.
Il existe deux sites archéologiques à Tyr. L’un, proche du port et des vieux souks, est facilement accessible à pied. C’est aussi sur notre route pour revenir à la station de bus, mais de toute façon l’endroit vaut le détour. En découvrant le soleil couchant qui joue avec les couleurs vives des anciennes colonnes romaines, on assiste à un spectacle incontournable.
A celui qui veut découvrir les secrets de cette ville si séduisante, il ne faudrait donner qu’un seul conseil: celui de déambuler à la fin d’une belle journée dans cette longue colonnade pour finalement s’asseoir en bord de mer et simplement profiter du moment. Si l’on a plus de temps, une bonne nuit à l’auberge Al Fanar permet de prolonger le séjour pour découvrir l’ancien hippodrome romain situé un peu plus loin ainsi que la longue plage de sable fin, ou encore les nombreuses églises et le musée de la ville. Mais heureusement Tyr n’est qu’à une heure et demie de bus de Beyrouth, cela vaudra bien un prochain déplacement.