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Daraoun-Harissa : Vatican du Moyen-Orient
Daraoun-Harissa : Vatican du Moyen-Orient
Editorial Team

Implanté au cœur de la forêt et surplombant la côte libanaise, le village de Daraoun-Harissa est un paradis pour les amoureux de la nature mais pas seulement. Recevant des milliers de touristes chaque année, « le Vatican du Moyen-Orient » est aussi et surtout connu comme le « village des imprimeurs ». 

Sur la route qui serpente la montagne boisée, l’air se fait plus vif. Les bruits de la ville de s’estompent. Les premières maisons de Daraoun-Harissa apparaissent derrière les étales multicolores des marchants de friandises. « Le village des imprimeurs » s’éveille. Dans quelques minutes, les 25 ateliers nichés dans les ruelles fleuries de la bourgade ronronneront doucement au rythme des machines à presser, couper, piquer, plier, couvrir. Depuis 1909, date de la fondation de la première imprimerie par l’ordre catholique Saint-Paul, le village est passé maître dans l’art de confectionner les livres.

« Au fil des ans, nos jeunes ont appris à maîtriser toutes les étapes de leur fabrication, raconte le maire, Antoine Chemaly. Générations après générations, ils ont crée de nouvelles entreprises. Nous avons sans aucun doute la plus grande densité d’imprimeurs du Liban. Chacun s’est spécialisé en fonction de ses goûts dans un domaine particulier, qu’il s’agisse du graphisme, de la presse ou encore de la plastification». Installé au rez-de-chaussée d’une maison, Joseph Bassil, joue depuis sa plus tendre enfance avec la peinture. Un peu de rouge, de bleu, de jaune, de noir, il tourne délicatement les boutons de contrôle d’encre à la recherche du mélange idéal. 4000 prospectus publicitaires sortent à l’heure de son imprimante. « Mais ce n’est pas un métier facile, confie ce travailleur infatigable formé dès l’âge de dix ans, c’est extrêmement épuisant». Dans les petites structures surtout, les salariés manipulent des machines artisanales dont certaines, aux noms barbares, semblent tout droit sorties du décors d’un film des années 50. Ainsi, chez les Chemaly, une guillotine à couper le papier trône près de l’entrée. Un peu plus loin, une machine de couture, une plieuse. Et penchés sur leurs outils, des hommes automates, qui inlassablement, reproduisent les mêmes gestes. « Je fais ce métier depuis 45 ans, raconte Hana Chemaly. C’est une passion qui est née quand j’étais enfant. Je regardais les livres et je me demandais comment ils étaient fabriqués. Bien sûr, c’est parfois répétitif mais j’adore les beaux bouquins». Et il a transmis le virus à son fils Hani qui s’apprête à prendre la relève.

Le village de Daraoun: entre artisanat et industrie

A quelques centaines de mètres de là, les Salamé travaillent aussi en famille mais dans leurs bureaux tout est calme, silencieux. Ainsi, à une table, un graphiste, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur, réfléchit à l’illustration d’une couverture. Il s’attellera ensuite aux pages intérieures. Au total, il consacrera plusieurs semaines à cette première étape de la conception du livre : le design. Une étape fondamentale car elle détermine toute la suite du processus. C’est à partir de ses maquettes et dessins que seront fabriqués les filtres puis les plaques utilisées pour l’impression. Ici, il faut être créatif, imaginatif et ne pas ménager son temps car la concurrence est rude. Elle vient de Beyrouth, des pays arabes et de Daraoun même où, face aux artisans, se dresse l’entreprise « Bassile Frères ».

La société, implantée dans la rue principale du village, emploie 110 salariés, se décline sur 5 étages et propose 700 produits différents. « A l’origine, en 1952, c’était une simple chambre de reliure, explique le responsable du personnel. Avec le temps, nous nous sommes agrandis, équipés, jusqu’à devenir la plus grande imprimerie du pays. Nous sommes spécialisés dans la papeterie». Dans l’usine, les ouvriers, essentiellement originaires du village, s’activent, à la chaîne, sur d’énormes machines importées d’Europe. Tout le processus de fabrication est intégré. Un cahier d’écolier est pensé, dessiné, imprimé, coupé, relié, couvert, plastifié sur place. Et pourtant, malgré sa taille, son matériel ultrasophistiqué, l’entreprise doit elle aussi faire face à une concurrence de plus en plus féroce. Pour conserver ses parts de marché au Liban comme dans les autre pays de la région, il lui faut être toujours plus performante.



Malgré tout, les imprimeries de Daraoun restent compétitives et offrent un formidable débouché aux jeunes de la bourgade qui ne sont pas obligés de partir à la ville pour trouver un emploi. 5000 personnes habitent le village à l’année. « J’aime vivre ici car nous sommes en pleine nature, loin de la pollution, dit Viviane, propriétaire d’un magasin de fleur. En même temps, nous pouvons rejoindre Beyrouth en 30 minutes et en moins d’un quart d’heure, nous sommes à la plage ». Sur place, la population a accès à toutes les facilités : écoles, médecins, épiceries, magasins, cafés, restaurants tout en jouissant d’un panorama exceptionnel sur la baie de Jounieh et des innombrables jardins arborés qui au pied des maisons ocres et blanches rappellent le passé agricole du village.

Dans la nature

«Pendant longtemps, l’agriculture fut la principale source de revenue des villageois, explique le maire, Antoine Chemaly. Ils produisaient des légumes, des fruits, des olives. Il faut savoir que Daraoun a pris son nom il y a plus de 500 ans mais des hommes vivaient ici dès l’époque phénicienne».

L’une des plus anciennes bâtisses du village et la mieux conservée date du XVIIIème siècle. Elle fut le domaine du Comte Hosn de Khazen qui reçut son titre de noblesse des mains de Louis XIV. Entourée d’un immense jardin, elle est désormais la propriété de Fadi Chayad qui l’a entièrement restaurée. Depuis quelques mois, il y organise des évènements mondains, notamment des mariages. « Ca marche très bien, dit-il, le cadre séduit énormément de monde ». Situé en pleine nature et doté d’une vue imprenable sur la côte méditerranéenne, l’endroit ne manque affectivement pas d’atouts pour les jeunes couples qui en ont les moyens : 4000 dollars la location pour la nuit.

Mais si la beauté du paysage, attire les amoureux et les touristes, elle n’est pas la seule raison à leur venue. Daraoun, paradis des passionnés de la nature, paradis des imprimeurs, est aussi connue comme : « Le Vatican du Moyen-Orient ». Sur quelques dizaines de kilomètres, pas moins de 18 églises et de 10 couvents se sont implantés. Toutes les obédiences catholiques y sont représentées : latins, franciscains, syriaques catholiques, maronites, catholiques romains. Le 1er couvent, Saint Joseph al Harf, a ouvert ses portes en 1765. Puis se fut le couvent Antoine de Padova. Puis Saint-Paul. Aujourd’hui, une soixantaine de religieux réside dans les enceintes de la bourgade et un hôtel s’est même spécialisé dans la réception des pèlerins de passage. « Nous avons décidé de nous installer ici car nous sommes au cœur de la région chrétienne mais aussi et surtout, parce que c’est un endroit très beau. On a tout simplement choisi la meilleur place », s’amuse Monseigneur Gabriel Dib, 68 ans, supérieur du séminaire du couvent syriaque de Charfeh.

Ralph, étudiant à l’université de Jbeil, remercie d’Eglise de tant aimer son petit village. « Grâce à tous les monuments qu’il y a ici, nous accueillons énormément de visiteurs et cela nous permet de nouer des contacts. Aujourd’hui, j’ai des amis aux quatre coins de la planète ». Bientôt, il ira leur rendre visite aux Etats-Unis mais d’abord il doit d’abord finir ses études de graphisme et faire ses premiers pas dans le monde du travail. Comme ses parents, il sera imprimeur.

Le Vatican du Moyen-Orient

Un évènement historique a tout particulièrement marqué l’histoire du village. Le 10 mai 1997, le Pape Jean-Paul II, en visite au pays du Cèdre, a fait le déplacement jusqu’à Daraoun-Harissa pour y célébrer une messe en la basilique notre Dame du Liban. Quelque 12 000 personnes ont prié avec lui. Un moment qui restera à tout jamais gravé dans le cœur des 5 000 habitants du village et de milliers de Libanais venus de partout pour l’occasion. « Mais nous n’avons pas attendu le voyage du pape pour recevoir des visiteurs, précise le père Emile Eddé. La statue de la vierge, « Notre Dame du Liban », que l’on peut voir depuis la côte, attire des milliers de touristes chaque année ». Dominant la falaise, la statue offerte par la France en 1908, est monumentale, elle mesure 8 mètres et pèse plus de 15 tonnes. De ses pieds part un escalier en colimaçon sur lequel se pressent pèlerins et curieux en provenance d’Europe, des Etats-Unis mais aussi des pays arabes et d’Iran. On dit que la vierge accomplit des miracles. Le père Emile Eddé affirme en avoir été le témoin il y a quelques années. Une femme arménienne très malade serait montée jusqu’en haut de la statue, aurait prié 30 minutes et en serait redescendue guérie.

Un téléphérique pour se rendre à Daraoun

Pour monter jusqu’au village de Daraoun-Harissa, les amateurs de sensations fortes choisiront le téléphérique qui part de Jounieh. C’est le plus long du Liban, 5 kilomètres, et le voyage dans des cabines pouvant accueillir 2 ou 4 personnes dure 7 minutes. Après ce surprenant trajet au dessus de la ville et de la forêt, les touristes sont déposés à quelques centaines de mètres de la statue Notre Dame du Liban.

Pour les personnes motorisées, en provenance de Beyrouth, la bifurcation menant au village se situe avant la ville de Jounieh. La route est courte, agréable et bordée de petits snacks offrants un superbe panorama sur la côte.

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