Le FFLF sera lancé le 23 novembre avec une soirée d’ouverture à l’Institut du Monde Arabe, lors de laquelle sera projeté le film "Tnaash," de Boudy Sfeir. S’en suivront trois jours de programmation, organisés du 24 au 26 novembre à l’Élysée Lincoln, cinéma indépendant du 8e arrondissement.
Avec comme thématique « La santé mentale », l’événement s’annonce passionnant. Le jury est présidé par l'écrivaine et dramaturge Darina Al Joundi (photo). Au programme : une dizaine de longs-métrages et documentaires, et pas moins de 28 courts-métrages, dont 16 réalisés par des étudiants.
Fondé et présidé par Sarah Hajjar, et porté par une équipe comprenant notamment Serge Akl (à l’origine de nombreuses initiatives de soutien au cinéma libanais comme le Pavillon Libanais au festival de Cannes ou « À 35mm de Beyrouth »), le FFLF a été conçu dans le contexte de la révolution du 17 octobre 2019 au Liban. Sa première édition a été organisée quelques semaines après l’explosion du 4 août 2020. En 2023, il s’ouvre encore une fois sur fond de crise aiguë : la guerre est de retour dans la région, avec son lot d’angoisse, de brutalité et d’incertitude.
C’est dans ce contexte que le FFLF aborde le thème de la santé mentale, particulièrement mise à mal chez des Libanais subissant de plein fouet les crises successives qui frappent leur pays, de l’effondrement économique à l’insécurité en passant par une émigration plus massive que jamais. « La parole se libère dans le cinéma arabe concernant la santé mentale », indique Sarah Hajjar. « On a bien le sentiment de la rupture d’un tabou. Après avoir salué la résilience des Libanais, on n’a commencé que très récemment à en reconnaître le coût psychologique. Car s’il est sûr qu’elle leur permet de continuer à avancer en dépit des catastrophes, il est évident aussi qu’on ne peut pas absorber toutes ces crises sans en subir d’importants contre-coups ».
Les fictions comme les documentaires sélectionnés abordent non seulement les dommages psychiques mais aussi les initiatives des Libanais pour sortir du marasme. « De nombreux films présentés ici se déroulent dans un environnement bucolique, dans la nature libanaise », précise Sarah Hajjar. Un reflet peut-être de l’engouement actuel des Libanais pour la randonnée et les activités de pleine nature, qui répond justement au marasme ambiant. On retiendra aussi des images de kite surf, une discipline nautique qui fait ici figure d’exutoire pour sortir de la dépression.
Outre sa profonde dimension sociétale, le festival cherche à soutenir les créations de jeunes cinéastes libanais émergents. L’idée est de faire connaitre leurs œuvres en France mais aussi de créer des liens entre la France et le Liban pour la production et la formation. La programmation de cette année présente 28 courts-métrages étudiants. L’un d’eux recevra le prix Jeune Espoir.
« Nous souhaitons aussi créer un terrain favorable à la création de partenariats entre écoles de cinéma en France et au Liban, avec l’ambition de proposer des bourses d’études à des élèves libanais », poursuit Sarah Hajjar, dont l’association crée aussi des ponts avec d’autres festivals de cinéma libanais dans le monde : au Canada, en Australie et à Beyrouth bien sûr.
Le Festival du Film Libanais de France récompensera quatre lauréats. Outre le Prix Jeune Espoir, le FFLF décernera aussi son Prix du Jury, son Prix de la Meilleure Fiction, et son prix du Meilleur Documentaire.