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Pascal Abdallah : « Ne confondons pas écotourisme et tourisme de nature »
Pascal Abdallah : « Ne confondons pas écotourisme et tourisme de nature »
Elodie Morel

Camping, randonnée, nage en eau vive... Le tourisme de nature a aujourd’hui le vent en poupe. Mais comment gérer cet engouement pour limiter l’impact des touristes sur les sites visités ? Pascal Abdallah est expert dans le développement du tourisme responsable en milieu rural. Il revient avec nous sur le concept d’« écotourisme » : celui-ci implique la pratique du tourisme de nature dans le cadre de la protection et de la gestion durable des ressources naturelles, tout en créant de la valeur pour les populations locales.

Depuis 25 ans, Pascal Abdallah se passionne pour le rôle du tourisme responsable dans le développement rural. Il a notamment contribué à la création de la Lebanon Mountain Trail Association, dont il a assuré un temps la présidence. Pour rappel, le « LMT » est un chemin de randonnée qui depuis 2006 traverse le Mont Liban du nord au sud. Pascal Abdallah a participé au traçage des sentiers et à la formation des guides locaux qui accompagnent les randonneurs.

Il assure aujourd’hui la formation de nombreux professionnels du tourisme rattachés à différentes structures publiques ou privées (réserves naturelles, municipalités, hôtels, gites, etc). Il travaille également à l’instauration d’un standard national pour les professionnels du secteur touristique au Liban, avec un label concernant les solutions écologiques utilisées pour leur activité. Nous lui avons demandé de nous éclairer sur le concept d'écotourisme, parfois assimilé à tort au « tourisme de nature ».

Qu’est-ce que l’écotourisme ?

Selon la définition officielle, l’écotourisme désigne une « forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales. »

Au-delà de cette définition, je dirai qu’on parle d’écotourisme quand les efforts de conservation et de gestion des ressources naturelles contribuent à la création d’activités touristiques durables, organisées dans le cadre de zones protégées (réserves ou parcs naturels, par exemple).

Ces activités doivent répondre aux attentes du touriste d’aujourd’hui, et lui permettre de découvrir la nature sans peser sur l’environnement ni sur les habitants. Elles doivent même contribuer à la préservation des espaces protégés et au développement local, notamment grâce aux revenus générés.

Concrètement, les activités dites « écotouristiques » impliquent plusieurs principes. Parmi eux, citons : la petite taille des groupes accompagnés, la prise en compte de la capacité du site à supporter la venue des visiteurs, la sensibilisation des visiteurs à la préservation de l’environnement, la participation des touristes à des activités de protection auprès des équipes de gestion des parcs, le soutien aux villages dont les terrains ont été transformés en zones protégées, le contrôle et la bonne gestion des activités réalisées, etc.

Comment est né l’écotourisme ?

Le terme « écotourisme » est apparu dans les années 70, même si sa définition « officielle » date du début des années 1990. L’écotourisme est tout d’abord né de la volonté des touristes de découvrir un pays, un site ou une région au-delà des clichés. Il y a quelques décennies déjà, certains ont voulu sortir du tourisme « superficiel ». Ils ont voulu découvrir tout ce qui fait le cœur d’une région et de son écosystème. Ce souhait se concrétise dès le début des années 70s aux Etats Unis quand, dans un mouvement nord-sud, les gens aisés allaient découvrir l’Amazonie et les régions tropicales de l’Amérique du Sud. Leur objectif : se rendre au contact des tribus et des autochtones, et contempler les merveilles de la nature. C’était différent du tourisme classique d’alors :  à l’époque, la tendance, c’était plutôt d’aller voir le Machu Picchu par exemple, ou de se rendre sur les plages et dans les grandes villes. À part les « aventuriers », personne n’allait visiter les grandes forêts, la jungle ou toute autre zone un peu sauvage.

Quelles ont été les conséquences de ces nouvelles attentes des touristes ?

Quand les touristes ont commencé à avoir soif d’« aventure », l’impact a été dur sur les populations et les sites visités. Un petit cercle de spécialistes du tourisme, dont des tours opérateurs, s’en sont rendus compte. Mais d’autres professionnels ont pu se montrer abusifs. Par exemple, pour répondre aux exigences des touristes, on a parfois lancé des opérations de déforestation, pour bâtir des hôtels et d’autres bâtiments commerciaux, qui de plus n’étaient pas du tout en harmonie avec la nature environnante.

Les communautés locales ont pu être employées et bénéficier de la création d’emplois, mais elles étaient souvent maintenues au bas de l’échelle, pour le nettoyage, la manutention... Les fonctions de guides sur le terrain étaient même souvent monopolisées par les investisseurs !

Quand et comment un changement s’est-il amorcé ?

Dès les années 80s, le changement est venu notamment d’associations et d’ONG et de certains professionnels. Tous ont commencé à sonner l’alarme, expliquant les dangers d’une telle activité touristique pour les régions et populations visitées.

Ce mouvement a poussé les professionnels du tourisme à chercher d’autres solutions, qui contribuerait cette fois à renforcer les communautés locales, en les formant pour accueillir des groupes, pour qu’elles puissent à leur tour profiter de la venue des touristes.

Ces formations leur permettaient aussi de savoir à quel moment dire « non » à un tour opérateur : par exemple, refuser un trop grand nombre de touristes, refuser de reproduire « artificiellement » une cérémonie religieuse... Peu à peu, on leur a montré comment mettre des limites.

On a également commencé à construire des écolodges, pour préserver la nature en utilisant des matériaux nobles et locaux, épousant l’architecture locale, et sans mettre en péril les ressources.

Si les touristes ont accepté ce « tournant » et ces nouvelles pratiques, c’est aussi parce que le produit touristique précédent ne les attirait plus. Aller « d’une tribu à l’autre », par exemple, ne les intéressait plus.

Parallèlement il y a eu une prise de conscience globale de l’importance du développement durable, avec l’organisation d’événements internationaux majeurs : en 1972 a eu lieu la première conférence des Nations Unies sur le développement durable, le Sommet de la Terre, à Stockhholm.

En 1992, lors du Sommet de la Terre de Rio, les Nations Unies ont adopté une déclaration insistant sur les droits et responsabilités des pays dans le domaine de l'environnement. Lors de l’édition de 2002 de cet événement, à Johannesburg, le tourisme a été désigné comme un levier de développement durable.

Ces sommets internationaux se concentraient sur la protection de l’environnement. En parallèle, il fallait aussi réfléchir aux moyens nécessaires pour garantir cette protection... C’est aussi pour cela qu’est né le concept d’activités écotouristiques, qui permettent de créer de l’emploi au niveau local et de générer des revenus pour assurer l’entretien et la préservation des zones protégées.

Aujourd’hui, on note un vrai désir des touristes de revenir à la nature... Cela va dans le sens de l’écoutourisme, non ?

Pas forcément : attention à ne pas confondre le tourisme de pleine nature et l’écotourisme.
Quand on fait du tourisme de nature (du camping, de la randonnée en montagne par exemple), on peut parfois nuire à la nature. Par exemple, en montagne, si une paroi est escaladée par trop de monde, elle peut être endommagée. Pourtant, l’alpinisme est une activité de pleine nature.

Encore une fois, rappelons que l’écotourisme implique la création d’une zone protégée, où sont organisées et encadrées des activités touristiques durables, qui garantiront la préservation et le maintien des sites visités. Dans l’exemple que l’on a donné, il s’agira de limiter le trafic sur la paroi, de veiller à son entretien au fil des saisons, etc.  

Dans le cadre de l’écotourisme, l’impact des activités sur l’environnement est minime et leur gestion est permanente.

Dans le tourisme de nature, les activités ne font pas l’objet de cette gestion, elles ne s’inscrivent pas dans des zones protégées, et la préservation des ressources naturelles n’est pas garantie.

Qui peut assurer l'organisation et l'encadrement de cette pratique "écouristique" ?

C’est tout d’abord l’État, à travers les lois promulguées en matière de tourisme et d’environnement. C’est cela qui permet la création de zones protégées, réserves naturelles, parcs régionaux, etc.

Dans certains cas plus spécifiques, dans le cadre d’une gestion locale, les municipalités peuvent aussi intervenir. C'est le cas au Moyen Orient dans les "hima", ou zones protégées: elles sont gérées par les collectivités locales qui, parfois soutenues par des ONG ou des associations environnementales, décident des activités qu'elles y autorisent ou non.

L’important est d'impliquer les populations locales, et de leur donner les moyens et la connaissance nécessaires pour prendre les choses en main, participer aux décisions, planifier l’organisation... C’est comme cela qu'elles peuvent bénéficier pleinement des retombées des projets touristiques, apprendre à s’investir, et à investir.

L’idée est de toute façon de toujours donner la priorité aux populations et acteurs locaux.

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